Bon, là je sais que je m’aventure sur un terrain philosophique… Mais je vais essayer de le faire clairement, promis, même si ce n’est pas évident!
Ca fait plusieurs fois que je lis des articles concernant les différents styles de yoga, et j’avoue que je suis comme tout le monde: je m’y perds carrément. Ces dernières décennies ont vu l’explosion des styles (ashtanga, vinyasa, etc.), car le yoga s’adapte à notre culture occidentale et mettant l’accent sur tel ou tel élément (les asanas ou le pranayama essentiellement).
Seulement, pour moi, le yoga c’est juste… le yoga.
Merci à mon maître yogi
J’en profite pour rendre hommage à mon premier prof, qui sera toujours pour moi le seul et unique à qui je pourrai vraiment donner le nom de « prof de yoga », voire le considérer comme mon maître yogi. Il s’appelle Jean-Luc et enseigne à Moissac et Montauban, des petits villes perdues dans le Sud-Ouest. Il a appris le yoga en Inde, et ça fait plus de 40 ans qu’il dispense ses cours.
J’ai commencé avec lui à 15 ans, en accompagnant ma mère (mais en vrai, j’ai commencé dans son ventre car elle en faisait déjà). Et jusqu’à ce que je quitte la France en 2005, j’ai suivi ses cours, avec plus ou moins de régularité (études obligent). Avec lui, je n’ai jamais appris le nom des postures qu’on faisait, car en fait, son yoga est plutôt spirituel qu’autre chose. On faisait une première relaxation, puis quelques postures « au feeling », et une longue méditation à la fin.
Et dans ces cours, j’ai vécu des expériences extraordinaires. Déjà, il était capable de nous dire à la fin qui avait quel chakra bloqué, alors qu’il n’ouvrait quasi jamais les yeux (c’est en fonction de son ressenti qu’il choisissait les asanas)… Et puis il dégageait une telle force que le groupe tout entier se connectait, et on a ressenti souvent des trucs super forts sur le plan énergétique, vu des couleurs, senti des présences…
Alors voilà, pour moi, le yoga, c’est ça. Quand je suis allée tester des cours où on enchaînait des postures, où le prof ne faisait que parler sans laisser le silence s’installer pour la méditation, je me suis dit: « what the fuck »? Le yoga gymnastique, ça ne me dit absolument rien. Faire des asanas pour se renforcer ou pour améliorer sa santé, certes, c’est utile, mais c’est oublier ce qui pour moi constitue le but ultime de la pratique du yoga, et qui se retrouve décrit dans les Yoga Sutras de Patanjali comme le dharana (la concentration), le dhyana (la méditation profonde), et surtout la samadhi (la contemplation).
Le goût de l’éternité
Depuis que j’ai repris toute seule, j’essaie de pratiquer dans cette optique, en insérant de longues méditations dans mes séances. A côté, dans mon école de Viet Vo Dao, on nous propose aussi des cours de méditation, où on travaille beaucoup sur le silence intérieur, ce qui crée un parfait complément.
En fait, méditer sans bouger ne permet pas vraiment de faire circuler l’énergie. C’est la raison pour laquelle les arts martiaux furent créés, dans le temple Shaolin. Les moines méditaient beaucoup mais ne développaient pas les capacités de leur corps, et un sage de l’époque appelé Boddidharma a décidé que la méditation devait être associée à des exercices physiques pour développer pleinement le Chi ou l’énergie.
Le yoga est basé sur le même principe: les asanas et les exercices de pranayama ne sont pas des fins en soi, mais simplement des moyens actifs pour dénouer les chakras et les différents nœuds énergétiques dans le corps. Une fois que l’énergie circule dans les nadis (ou méridiens si on est plus porté sur la médecine chinoise), on peut alors espérer atteindre une fréquence vibratoire plus élevée, et donc un bien meilleur effet de la méditation, car les pensées parasites sont déjà annihilées en partie par le travail énergétique et respiratoire effectué.
Et là, on peut goûter l’éternité. Cette sensation est assez difficile à expliquer, ceux ou celles qui la connaissent s’y reconnaîtront sûrement, quant aux autres, j’espère sincèrement que vous y goûterez un jour. Elle n’arrive que si on ne la cherche pas obstinément, mais seulement quand on relâche vraiment tout. Imaginez votre esprit qui se relâcherait exactement comme un muscle, toutes les tensions qui disparaissent, et le silence qui se fait. C’est comme si rien n’existait plus, et en même temps comme si tout existait en même temps.
Je ne parle pas de l’éternité qui dure, non, mais de celle qui se trouve dans un instant parfait s’étirant à l’infini, comme si le temps et l’espace disparaissaient et qu’on se retrouve au cœur du big bang, avant que l’univers n’existe, dans une immobilité parfaite.
Et on se retrouve avec le sourire du Bouddha scotché sur la figure!
Je sais que ça fait très perché comme réflexion… Mais en fait c’est dans cet état d’esprit qu’on est le plus proche du réel. Car ensuite, quand on retourne à la vie quotidienne, cette sensation demeure, on ne se préoccupe plus par avance des choses qui pourraient se passer, l’esprit reste posé dans l’instant présent, et on aborde tout avec un calme olympien sans même avoir à se forcer… C’est un véritable délice!
D’après les textes sacrés, le yoga est une discipline qui cherche à nous reconnecter à l’univers, et le pranayama par exemple est un exercice dont le but est de se calquer sur le souffle du monde, et non plus sur notre souffle biologique. Je crois vraiment que cette connexion se fait lorsqu’on parvient à cet état.
Je vous l’accorde, cet article fait très New Age, mystique ou tout ce que vous voulez. Mais cette sensation est réelle, et elle est la clé qui ouvre des perspectives tellement enrichissantes qu’elle vaut vraiment le coup d’être vécue!
Alors voilà, maintenant que j’ai attaqué ma formation de prof de yoga, c’est vraiment ce que j’aimerais partager avec mes futurs élèves…